Depuis un trimestre, le premier mercredi de chaque mois, le TER en Poitou-Charentes, c'était seulement une pièce jaune. Un cadeau tellement apprécié qu'il y a eu foule au portillon… De quoi espérer une reconduction de la mesure après un été à demi-tarif généralisé.
Question, qu'est-ce qui est ronde, brille comme un soleil, et ne vous emmène pas bien loin quand il n'en reste qu'une dans votre porte-monnaie ? La pièce d'un euro, bien sûr ! Sauf que lorsque Ségolène Royal l'a brandie fièrement à la porte d'un train express régional l'automne dernier, le sou européen a connu une belle envolée en terme de valeur ajoutée. Grâce à lui, chaque premier mercredi du mois, on pouvait désormais s'asseoir dans un wagon et partir pour la destination de son choix pour peu qu'elle soit inscrite dans le périmètre du Poitou-Charentes.
Une aubaine que nombre d'usagers ou de nouveaux venus ont plébiscitée à tel point qu'à la gare de Poitiers, on a parfois connu une belle cohue, et, à deux ou trois reprises, selon un agent SNCF, un tel afflux que certains ont effectué le périple debout. Une « mauvaise organisation » qui serait due pour les uns aux Chemins de fer qui n'avaient pas prévu les problèmes qu'entraînerait cette décision de réduction drastique des tarifs, et pour d'autres à la présidente de Région qui, selon un élu local, « sait faire des choix intéressants mais n'en assume pas forcément les conséquences sur le terrain, laissant ce travail aux administrations ».
Quoi qu'il en soit, force est de constater que les voyageurs approuvent totalement (et on les comprend) ce type d'initiatives qui a notamment permis, en avril, mai et juin, de s'offrir des loisirs à moindre coût. Et notre agent de noter : « La principale destination a été La Rochelle et des villes qui disposent d'un patrimoine, plutôt un axe est-ouest que sud-nord. »
Billets à un euro ? Oui, et plus souvent !
Poitiers, un jeudi ordinaire, quai Z à destination des Deux-Sèvres et de la Charente-Maritime. Il y a là Josué qui, après son travail, rentre dormir à Surgères, Anaïs et Laure, 16 ans, étudiantes en école d'esthétique et qui rejoignent Niort chaque soir. Pour l'un, le train, « c'est une obligation en terme de dépense. Je ne pourrais pas me permettre les déplacements en voiture. Je chercherais un boulot ailleurs. » Il a adopté la carte Destina'ter et gagne 75 % sur le prix du billet. Quant aux deux jeunes femmes, elles disposent également d'un abonnement mais s'avouent très intéressées par le ticket à un euro : « Nous ne l'avons pas encore utilisé mais oui, c'est une bonne chose. On prendrait le train plus souvent, pour aller voir des amis, nous rendre à un concert. Ce serait bien s'il y en avait régulièrement. »
Une opinion partagée par Gaëtan, Clément et Julien, 16 et 17 ans, lycéens au Porteau la semaine, Deux-Sévriens le week-end : « Il faudrait qu'il y en ait plus, c'est sympa pour les jeunes qui n'ont pas beaucoup d'argent de poche. » Ils ont d'ailleurs utilisé le fameux sésame une fois et, sans anicroche : « C'était un matin, il n'y avait pas beaucoup de monde, tout s'est bien passé. »
Au total, la mesure plaît et encourage à utiliser les transports en commun. D'ailleurs le TER en profite largement : « Les nouveaux wagons sont confortables, bien climatisés, mieux même que les TGV », indique Philippe, 42 ans, et très au fait de tout ce qui donne droit à réduction.
Dans ces conditions, après un été à demi-tarif (du 1er juillet au 3 septembre), chacun comprendrait mal que pour deux ou trois fausses manœuvres la mesure ne soit pas reconduite et que l'on pénalise ainsi les usagers. A l'heure de l'écoute du terrain, la question pertinente de Julien mérite d'être entendue : « Pourquoi pas aussi un ou deux samedis ? C'est notre jour de sortie et au moins il n'y aurait pas de risque sur la route. »
Claude AUMON
Une première expérimentation avait été lancée par la présidente de Région en septembre. (Photos archives NR, Dominique Bordier)