L'ennui, c'est qu'en 2006 ces concessions ont quitté le giron de l'Etat en échange d'un chèque de près de 15 milliards d'euros. Et que la ponction fiscale envisagée modifie sensiblement l'équation économique qui prévalait alors. Un peu comme un loyer qu'on doublerait en cours de bail. Il ne s'agit pas de faire pleurer sur le sort des Vinci, Eiffage et autres Abertis, qui ont acquis ces vaches à lait à bon prix. D'autant que, depuis, leur politique tarifaire n'a pas été exempte de reproches. Mais comment justifier que, moins de trente-six mois après la privatisation, on exige un complément de prix significatif au motif que, à l'époque, les pouvoirs publics avaient choisi d'affecter l'essentiel de la somme perçue au désendettement plutôt qu'à l'organisme chargé de financer des projets alternatifs à la route.
Impécunieux, l'Etat n'a d'autre choix que d'aller au bout de sa démarche. Mais, en échange, il devra consentir des contreparties aux concessionnaires, comme une augmentation sensible des péages par exemple. Pour les opposants à la privatisation, il s'agit là d'une victoire posthume. Pas sûr que les usagers de la route doivent s'en réjouir.