Le « vrai » TGV cette fois, pas le poussif, celui que de méchantes langues avaient baptisé le TGV mogette, tracté par une locomotive diesel. Cette fois, ce sera un TGV dûment électrifié. Ils sont une douzaine de ces cheminots à « vivre » ici, à cantonner comme ils disent, dans ces wagons tout équipés, avec douche commune, chambre individuelle et mini coin lavabo, que la SNCF a reconvertis pour ses cheminots-nomades. Ça relève plus de la chambre du moine trappiste que de la chambre d'hôtel, mais bon, ça reste confortable. « C'est vrai que ce n'est pas le grand luxe, sourit Philippe Charlot, mais il y a tout ce qu'il faut, y compris le lave-vaisselle. »
Seul signe de confort finalement, cette grande télé à écran plat, qui permet de tuer le temps, « de regarder les Guignols tout en mangeant »,sourit Thierry Geny, une trentaine d'années de métier. Il est midi, et il évite de parler trop fort, car un de ses collègues dort encore dans un des compartiments transformés en chambre. Avant de débarquer à La Roche-sur-Yon, Thierry, « cuistot » auto-désigné de l'équipe, était sur le chantier de l'électrification de la ligne Rennes/Saint-Malo. Il est à La Roche-sur-Yon depuis janvier 2006. Et il passera encore au moins un Noël ici. Son départ ? « Fin 2008, prévoit-il, quand le TGV sera mis en service. »
Avant qu'il ne pointe son nez, du travail reste à faire pour accueillir le TGV : moderniser les gares traversées, changer la signalisation, etc. C'est le travail de Thierry. Il est chargé des installations électriques de sécurité. « Le moindre bout de fil qui est passé là-dedans, dit-il en montrant des fils électriques qui dépassent d'une armoire, je le connais. » Rien qu'à La Roche-sur-Yon, près de 50 km de câbles ont d'ailleurs été déroulés pour faire fonctionner la future signalisation électrique !
On est là dans un local qui abritera les installations de sécurité. Des ouvriers d'une entreprise prestataire sont à l'oeuvre. Et Thierry supervise. Sans compter ses heures, travaillant aussi la nuit. « Notre travail n'est pas compatible avec des horaires fixes »,remarque d'ailleurs Philippe Charlot.Et puis, plus de temps à perdre. Le TGV entrera en gare fin 2008. Il doit arriver quand le Vendée Globe partira.