Le 31 mars, la libéralisation aura un an. En un an, Fret SNCF a perdu du fait des nouveaux entrants 1 % environ de part de marché. C’est peu. Sur une activité en croissance, ça n’a rien d’inquiétant. Le problème, en France, c’est que le marché ferroviaire, du fait notamment des carences de Fret SNCF, a dégringolé, de 55 milliards à 41 milliards de tonnes kilométriques.
Secorail est lancé et assure déjà plusieurs trains par jour au départ des carrières du Thouarsais.
Qui sont les concurrents de la SNCF ?
Ni des amateurs ni des petits poucets. Sur les sept qui ont obtenu toutes les autorisations nécessaires, les trois qui ont commencé les opérations sont plutôt de la famille des ogres…
- Veolia Cargo, filiale d’un groupe implanté dans le monde qui exploite des services de transport de tous types, dont des transports urbains dans des villes françaises ou des trains régionaux de voyageurs en Allemagne.
- Euro Cargo Rail, filiale d’EWS, le principal opérateur de fret britannique, détenu à 40 % par Canadien National. Seco-Rail, filiale du géant de la construction de routes Colas, lui-même filiale du groupe Bouygues. Euro Cargo Rail est venu porter le fer sur le fret conventionnel.
- Seco-Rail, qui a une très solide expérience du ferroviaire par ses trains de chantiers, est un industriel qui va assurer en propre ses trafics. C’est aussi sur ce modèle que va fonctionner CFL Cargo, la branche fret des Chemins de fer luxembourgeois, désormais filiale d’Arcelor Mittal. Ces opérateurs industriels travaillent pour leur propre compte. Le retrait de tout ou partie de leur activité du portefeuille de Fret SNCF est un coup dur. De plus, ils ne s’interdisent pas de travailler pour le compte d’autrui.
Autre modèle, Veolia, qui pourrait assurer sa croissance, pour une part, grâce à son alliance avec CMA-CGM, le troisième armateur mondial, pour le transport de conteneurs. La SNCF a affaire à très forte partie.
Est-elle prête ? Non.
La production est en grande partie désorganisée. Le plan Véron a permis de retrouver une rationalité économique dans le transport combiné. Mais pas partout. Les pertes du fret sont insupportables. Le chiffre pour 2006 doit être annoncé ce 28 mars en conseil d’administration avec l’ensemble des résultats de la SNCF. S’il n’atteint pas – contrairement à ce que nous avons écrit – les 350 millions d’euros, il devrait s’élever à 243 millions. Et les 350 millions sont inscrits au budget 2007, la SNCF ayant renoncé à sortir des comptes de son activité des pertes liées principalement à son régime social, qui s’élèvent à 134 millions d’euros. Faute d’une réaction, le résultat négatif du fret atteindrait 639 millions en 2010, selon une communication d’Olivier Marembaud aux organisations syndicales, le 21 mars. Réunion à laquelle n’assistaient ni la CGT, qui n’a pas voulu « servir de caution », ni FO. D’où un ensemble de mesures annoncées officiellement au CE de SNCF Participations le 22 mars, au CCE de la SNCF le 27 mars, au conseil d’administration de la SNCF le 28 mars et, début avril, au conseil d’administration de SNCF Participations. Des mesures qu’on se garde bien d’appeler « plan », du fait du mauvais souvenir attaché au « plan Véron », présenté déjà comme celui de la dernière chance…
Retrouvez le dossier complet de la rédaction dans le numéro 3096 de La Vie du Rail.
Photo Marc Carémentrant