Avec son bac électronique et son diplôme de BTS informatique industrielle en poche, Mickaël Prudhomme est entré à la SNCF en 1995. Logique : sa famille est vouée au rail. Il est de Thouars. Thouars, où, mercredi, les cheminots CGT expliquaient les menaces qui pèsent sur le service public en général, le fret en particulier et le transport des passagers bientôt (lire la NR de jeudi).
En 1995, alors que Mickaël fait ses premiers pas professionnels, débutent bientôt des grèves dures. Quel baptême pour ce jeune homme aujourd'hui engagé aux côtés du syndicat CGT. « A l'époque on a pu faire reculer la direction, mais elle a pris depuis d'autres chemins détournés et l'on retrouve constamment son obsession : favoriser le privé, réduire par tous les moyens nos spécificités. »
“ Désormais, les avancements se font à la tête du client ”
Mickaël qui dit « adorer son métier » constate un mouvement progressif « très inquiétant. Autrefois les DPX (dirigeant de proximité) étaient des chefs dont l'autorité était reconnue par tous. Ils avaient des convictions, aujourd'hui ce sont des boîtes aux lettres qui relaient le discours de la direction sans état d'âme. Plus ils sont dociles, plus ils touchent des primes. Les avancements se font à la tête du client… A mon époque cela n'existait pas. C'était même inconcevable ! » En disant cela, le militant abandonne tout espoir de se voir promu demain. Si c'est le cas, son courage mérite d'être salué. Mickaël Prudhomme conduit aujourd'hui des TER, mais les menaces du fret le concernent pourtant au premier chef : « Car derrière ce qui se dessine bien sûr c'est la privatisation du transport des passagers et le désir, en haut lieu, de briser les conventions. »
Après tout, on pourrait se dire que si le mouvement inéluctable imposé par le marché nécessite que demain nous circulions dans des trains Machin ou Truc, le paysage à travers la fenêtre sera toujours le même : « Peut-être, mais c'est votre sécurité qui risque d'être remise en cause. On voit bien ce qui se passe en Grande-Bretagne. Normal ! Quand on veut gagner de l'argent on rogne sur tout : l'entretien, la formation, les salaires. »